jeudi, 03 janvier 2008
Un principe de contestation
PHILIPPE SOLLERS : Il me semble que c’est un principe de contestation. Ce qu’on appelle la culture occidentale, l’aventure occidentale, c’est une certaine négativité énigmatique, probablement de plus en plus énigmatique, mais qui définit bien en quoi la virulence occidentale est en train de s’étendre à toute la planète, à l’ensemble de l’espèce humaine, à l’ensemble de son histoire, et je crois qu’au fond ce principe de négativité qui a pris le nom d’Occident, de culture occidentale, n’est pensable qu’à travers l’aventure chrétienne. Si on veut aller au fond des choses, il nous faut définir l’Occident comme cette très bizarre aventure, surgie du Proche-Orient, sortie de la Bible et de la culture grecque, de leur mélange contradictoire, de leur opposition fondamentale, de leur multiplication l’une par l’autre, et ça porte un nom : c’est l’aventure de la chrétienté. L’aventure de la chrétienté, c’est aussi l’aventure de ce qu’on appelle la science. ...
04:03 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Philippe Sollers, occident, crise, entretien
jeudi, 20 décembre 2007
Comment être cadeauphobe ?
Si le fond de la nature humaine, comme on dit, n’était pas la pure et simple violence, y aurait-il tous ces rituels ? C’est pourquoi l’engrenage cadeau est une reconnaissance implicite de cette violence - un aveu, une excuse. Le célèbre Viennois (beaucoup moins charlatan que ne l’a dit l’auteur du Don) n’avait pas tort de constater que le cadeau primitif était celui des excréments de la part du bébé à sa mère.
12:54 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cadeau, Philippe Sollers
vendredi, 14 décembre 2007
Ma Chine à écrire...
« Allons, machine...[« Ma Chine » ? Oui, si l’on pense à la séquence de Paradis ici rejouée dans une autre situation, un autre lieu : Venise. Mais surtout « machine à écrire » comme le veut l’exergue de Faulkner : « Possède sa propre machine à écrire et sait s’en servir ».]
03:13 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Chine, machine à écrire, Philippe Sollers
mercredi, 12 décembre 2007
A propos de "Eloge de l'infini"
15:02 Publié dans Interview | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Philippe Sollers, Eloge de l'infini
lundi, 10 décembre 2007
Sarkozy et mai 68
19:20 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : mai 68, Sarkozy, Philippe Sollers
mardi, 04 décembre 2007
Les réfractaires
Comment atteindre la négation de la négation, l’affirmation même ? ça les préoccupe très tôt, les réfractaires. On croit les élever, les éduquer, les terroriser, les domestiquer, on obtient avec eux les résultats minimaux, ils apprennent anormalement vite à lire et à écrire, mais c’est comme si ce don particulier ne les menait à rien, ils le gardent pour eux, on ne comprend pas ce qu’ils projettent d’en faire. Ils ne partagent pas volontiers, ne semblent pas attirés par les sacrifices et les mortifications, l’ascèse ou lla discipline. Le garçon sera un salarié bidon, un déserteur, un simulateur, incapable de la moindre carrière. La fille ne sera ni actrice, ni mannequin, ni professeur, ni docteur, ni publicitaire, ni bonne mère, et encore moins hystérique ou anorexique. Que leur reste-t-il ? L’art ? Mais comme, là encore, le caractère réfractaire persistera dans cette dérivation, il y a fort à parier qu’il s’agira d’un art non conforme à ce que les contemporains considèrent comme tel. Un art de vivre, alors ? Ce n’est pas impossible, c’est même ce qui fait peur. Que voulez-vous, ce sont des irresponsables. On dirait qu’ils se moquent de leur réputation. Ils s’habillent n’importe comment (mais aussi, parfois, avec une élégance inexplicable), dépensent tout leur argent, interrompent leurs relations d’un moment à l’autre, se lèvent et partent sans s’excuser dans des dîners, oublient leurs amis, leurs femmes, leurs maris, leurs amants, leurs maîtresses, ne font pas de cadeaux, ne donnent aucune indication sur leurs maladies ou leurs états d’âme. Ce sont des asociaux, même pas conservateurs, incontrôlables, irrécupérables. Mal vus à droite, mal vus à gauche, vomis par le centre, étrangers aux marges, où voulez-vous les mettre ? Dans l’au-delà ? Même pas.
Philippe Sollers, L'étoile des amants
Frédérique Azaïs, Histoires
19:44 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Philippe Sollers, Frédérique Azaïs
mardi, 27 novembre 2007
Vous devez travailler plus pour penser moins ! C’est ça le fond des choses.
10:11 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Philippe Sollers, Valérie Pécresse
dimanche, 25 novembre 2007
Stratégie de Philippe Sollers
Un livre pour dire, premièrement, que Dieu est mais n'existe pas - et, deuxièmement, que le Diable n'est pas le malin que l'on croit, qu'il est l'inintelligence même, la bêtise personnifiée, le mauvais goût, l'ignorance.
21:20 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Philippe Sollers, Un Vrai roman, littérature, BHL
jeudi, 01 novembre 2007
Mon cerveau et moi
"De temps en temps, mon cerveau me reproche d'avoir tardé à lui obéir; d'avoir sous-estimé ses possibilités, ses replis, sa mémoire; de m'être laissé aller à l'obscurcir, à le freiner, à ne pas l'écouter. Il est patient, mon cerveau. Il a l'habitude des lourds corps humains qu'il dirige. Il accepte de faire semblant d'être moins important que le coeur ou le sexe (quelle idée). Sa délicatesse consiste à cacher que tout revient à lui. Il évite de m'humilier en soulignant qu'il en sait beaucoup plus long que moi sur moi-même. Il m'accorde le bénéfice d'un mot d'esprit, et prend sur lui la responsabilité de mes erreurs et de mes oublis. Quel personnage. Quel partenaire. "Sais-tu que tu ne m'emploies que très superficiellement?" me dit-il parfois avec le léger soupir de quelqu'un qui aurait quelques millions d'années d'expérience. Je m'endors, et il veille. Je me tais et il continue à parler. Mon cerveau a un livre préféré : l'Encyclopédie. De temps en temps, pour le détendre, je lui fais lire un roman, un poème. Il apprécie. Quand nous sortons, je lui fais mes excuses pour toutes les imbécilités que nous allons rencontrer. "Je sais, je sais, me répond-il, garde-moi en réserve." J'ai un peu honte, mais c'est la vie. J'écrirai peut-être un jour un livre sur lui."
Philippe Sollers, Un vrai roman
Photo de Jean-Louis Bec, voir sa série "Portraits d'arbres", ici
00:25 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Philippe Sollers, Mon cerveau et moi, photo, Jean-Louis Bec
samedi, 27 octobre 2007
Le monde comme il va
16:34 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Chine, guerre, Guerres secrètes, Philippe Sollers
vendredi, 26 octobre 2007
On ne choisit pas cette passion, elle s'impose
"En réalité, c'est l'expérience intérieure du langage qui me tient, m'entraîne, m'approfondit. On ne choisit pas cette passion, elle s'impose, et Sartre a tort : la littérature n'est pas une névrose, mais un chemin de connaissance de plus en plus magique et précis."
Ph. Sollers, Un Vrai roman
20:35 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Philippe Sollers, Un Vrai roman, littérature
mardi, 23 octobre 2007
Le fameur monologue de Molly Bloom
"C'est depuis peu de temps qu'un éclaircissement a eu lieu à propos de ce qu'il faut nommer la guerre des femmes, qui connaît un tournant d'époque considérable, à la faveur des mutations que nous connaissons. Cette guerre ne s'était jusqu'à maintenant racontée qu'à travers des religions, des mythes, plus ou moins argumentés et descriptifs. Mais ce n'est que maintenant que nous pouvons relire, rouvrir toute l'archive à ce sujet. Il nous suffit alors de nous mettre dans une position "ulysséenne", ce que le professionnel Joyce a bien compris au début du XX è siècle. Ce n'est pas un hasard si Ulysse se termine par le fameux monologue de Molly Bloom."
Philippe Sollers, Guerres Secrètes
01:36 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Philippe Sollers, Guerres secrètes, James Joyce, La guerre des femmes
vendredi, 19 octobre 2007
Les écrivains sont étranges
François Mauriac
Il écrit son « Bloc-Notes » assis sur un petit lit, Mauriac, papier sur ses genoux, à l’écoute. Il est incroyablement insulté à longueur de temps, et il y répond par des fulgurations et des sarcasmes (ressemblance avec Voltaire, après tout). Il est très drôle. Méchant ? Mais non, exact. Sa voix cassée surgit, très jeune, la flèche part, il se fait rire lui-même, il met sa main gauche devant sa bouche. Homosexuel embusqué ? On l’a dit, en me demandant souvent, une lueur dans l’œil, si à mon égard, etc. Faribole. Mauriac était très intelligent et généreux, voilà tout. Fondamentalement bon. Beaucoup d’oreille (Mozart), une sainte horreur de la violence et de sa justification, quelle qu’elle soit. Les sujets abordés, après les manipulations, les mensonges et les hypocrisies de l’actualité ? Proust, encore lui, et puis Pascal, Chateaubriand, Rimbaud. Les écrivains sont étranges : avec Ponge, je suis brusquement contemporain de Démocrite, d’Epicure, de Lautréamont, de Mallarmé. Avec Mauriac, de saint Augustin, des « Pensées », d’« Une saison en enfer ».
Philippe Sollers, extrait de "Un Vrai roman, Mémoires" à paraître chez Plon le 25 octobre
13:50 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Philippe Sollers, Un Vrai roman
jeudi, 18 octobre 2007
Et c’est là précisément le roman
" — Vous faites beaucoup de citations.
— Ce ne sont pas des citations, mais des preuves.
— Des preuves de quoi ?
— Qu’il n’y a qu’une seule expérience fondamentale à travers le temps. Formes différentes, noms différents, mais une même chose. Et c’est là précisément le roman. "
Philippe Sollers
00:25 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : roman, Philippe Sollers, citations
mardi, 16 octobre 2007
C’est toujours plus profond qu’on ne croit, le corps
C’est toujours plus profond qu’on ne croit, le corps, plein de recoins oubliés, de réserves, de couloirs, de creux, caves, anfractuosités, niches, trappes, rivières, c’est une montagne à l’envers, un temple négatif dont seule une partie s’éclaire par en haut, là-bas, parmi les images, au milieu des autres marionnettes à images...
Philippe Sollers, Le Coeur absolu
Lisbonne, mai 2007, coup d’oeil François Weil, photo Marie Genty
00:05 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Philippe Sollers, Le Coeur absolu, Marie Genty, Lisbonne
dimanche, 14 octobre 2007
En lisant "Guerres secrètes" (4)
10:55 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Philippe Sollers, Guerres secrètes, Hans Makart
mercredi, 10 octobre 2007
En lisant "Guerres secrètes" (3)
On voit donc se dessiner l’enjeu militaire planétaire du XXIe siècle : il opposera les Etats-Unis à la Chine. Nous sommes dans une Quatrième Guerre mondiale, la troisième ayant été gagnée contre les Russes, à la fois par les Américains, pour la force de frappe et la guerre des étoiles, les Anglais, pour l’espionnage, et Jean- Paul II, pour le combat spirituel. Avec les Chinois, cela va être une autre paire de manches. (...)
Il y a une guerre incessante : celle qui nous saute à la figure à travers le terrorisme déchaîné par la stratégie directe. Et une guerre plus secrète qui se mène sans cesse, pas seulement économique, et dont les Chinois sont en train de tirer la plupart des fils. Si l’adversaire est unilatéral, je vais faire du multilatéralisme ; comme l’adversaire est capitaliste, je vais devenir encore plus capitaliste. Pratiquer la défensive stratégique, utiliser la force de l’adversaire pour la retourner en ma faveur. Le Chinois s’appuie d’instinct sur la compréhension interne de ce que l’adversaire ose, veut, calcule et est obligé de faire. Il mène une guerre défensive qui peut durer une éternité : sa conception du temps n’est pas la nôtre. Cette guerre peut se prolonger indéfiniment pour user l’adversaire. Elle ne cherche pas l’anéantissement, mais la domination.
Philippe Sollers, Guerres secrètes
05:50 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Guerres secrètes, Philippe Sollers, Lambert Savigneux
dimanche, 07 octobre 2007
En lisant "Guerres secrètes" (2)
"Aussitôt sous ses pieds, il lie ses belles sandales d'or immortelles, qui le portent sur l'étendue liquide, sur la terre infinie, en même temps que le souffle du vent. Il se saisit de la baguette qui lui sert à charmer les yeux des gens qu'il veut, et à les éveiller aussi, quand ils dorment. La baguette en main, le puissant dieu fulgurant s'envole. Quittant l'éther, il passe sur la Piérie et tombe dans la mer. Il bondit alors sur les vagues, et l'on dirait le goéland qui chasse les poissons, parmi les replis terrifiants de la mer inféconde, et trempe d'eau salée ses ailes épaisses. Transporté sur les vagues sans nombre, Hermès lui ressemble. Mais lorsqu'il parvient à l'île lointaine, il sort de la mer à l'aspect de violette, sur la terre ferme, et s'en va jusqu'au moment qu'il atteint la vaste grotte où habite la nymphe aux belles tresses."
Homère, Odyssée, Chant V
11:45 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Nina Houzel, Philippe Sollers, Homère, l'Odyssée
En lisant "Guerres secrètes" (1)
"Puissance du chant sur le temps - que les pauvres mortels, si peu chanteurs, ne reconnaissent pas, en croyant que le temps se déroule, alors qu'il faut dire qu'il surgit. Ils croient que le temps passe, alors qu'il se dresse dans la parole, le langage, dans le chant. Simplement, par la façon de dire, vous changez de temps. Ou plus exactement, tous les temps sont à votre disposition."
Philippe Sollers, Guerres secrètes
00:47 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Philippe Sollers, Guerres secrètes
mardi, 25 septembre 2007
Naître dans le vin français
« Naître dans le vin français est toute une histoire ; une expérience de fond qui fortifie, dégrise. La raison, et une certaine vérité d'en deçà des choses, rôdent par là. Peu de délire, l'œil ouvert, l'oreille rapide, le pied vite levé, la main exacte. Enfant, on n'a même pas à lire Rabelais, il se vit et se parle autour de vous, on l'entend, on le constate. "De vin devin on devient." »
Philippe Sollers; "Vivant Denon, le Cavalier du Louvre"
Robert Lefevre 1756-1830Dominique Vivant Denon avec une oeuvre de Poussin
huile sur toile
Musée national du château de Versailles
00:20 Publié dans alcool | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Vivant Denon, vin, Philippe Sollers